Suite à la lecture d’un extrait de « La société de consommation » de Jean Baudrillard  (1970) et au visionnement du film « Le Mirage » de R. Trogi, j’ai décidé que la seconde entrée de mon blog porterait sur la société de consommation et sur le rapport que nous entretenons avec celle ci.

Les théories énoncées par Jean Baudrillard en 1970 s’applique t-elle toujours à notre société ? C’est ce que nous allons tenter de voir.

Le drame que vit la famille de Patrick, le personnage principale du film est le parfait archétype du drame que vit notre société : Grande maison, piscine, mobilier hors de prix, vacances à la montagne, résidence secondaire… Tout le superflu nécessaire est à leur disposition. Mais le bonheur est-il pour autant complet ?

Rien n’est moins certain, car ces désirs n’ont été comblé que grâce à la possibilité « d’emprunter » et par un travail acharné. Un travail acharné qui en définitive a été source d’un épuisement professionnel qu’aucun bien de consommation n’a pu compenser et qui s’est fait par ailleurs au détriment de sa vie familiale et conjugale.

On retrouve ici – trente ans plus tard – la théorie évoquée par Baudrillard. Selon cette théorie, le progrès de l’abondance provoque une dégradation du cadre collectif et notamment un « déficit […] psychologique et humains, colossal ». En l’occurence face à l’échec de leur couple et à l’épuisement professionnel, la femme de Patrick a recours aux antidépresseurs. Sa vie conjugale ne la « nourrissant pas » elle pense pouvoir guérir son estime de soi par la chirurgie esthétique. Encore une fois, face au stress de la vie quotidienne qu’ils ont choisi dans leur quête d’abondance, ils souhaitent acquérir un bien dans un endroit dépourvu de stress afin de « Palier » le problème, ce palliatif est bien entendu illusoire.

Ces «produits » ( en l’occurence médicaments, chirurgie esthétique, résidences secondaires) sont le produit d’une industrie dont la richesse est crée paradoxalement autour de palliatifs aux nuisances générées par ce même système.

Le paroxysme du film est atteint lorsque Patrick perds son entreprise, endetté par le train de vie qu’il mène, son prêt se voit refusé. Finalement, face à la désillusion progressive du bonheur qu’il est censé trouver dans « l’abondance » elle-même cause de la dislocation de sa vie professionnelle et familiale, il va finir par se réfugier en fantasmant sur une amie de sa femme. C’est ce fantasme qui va mener à la destruction de son monde d’illusion pour le ramener à la simplicité qu’il recherchait depuis le début du film.

Ce film pose également de nombreuse questions comme l’importance des effets des « nuisances culturelles » dues aux avancés techniques et culturels, avec par exemple l’utilisation des téléphones portables, des tablettes, des réseaux sociaux ou encore la création des émissions de télé-réalités, toutes deux mises entre les mains des enfants parfois bien trop tôt. Autre question est celle de la place qu’occupe – dans la société occidentale – le « superflu » comme outil de reconnaissance sociale dont la seule valeur sociale réside finalement uniquement dans le fait qu’il soit « Superflu ».

Les pistes de réflexions de ce film sont très vastes, je vous invite donc à le voir ou revoir avec ces aspects en tête, si cela n’a pas été fait mais il est amusant de constater que quarante-cinq ans après sa publication, les réflexions de Jean Baudrillard sont plus que jamais d’actualité.

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